On a fait découvrir des saveurs inconnues à nos clients!
Rencontre avec Orlando Allauca, l’un des patrons du restaurant de Fontenay
Parmi les restaurants qui ont choisi de participer à l’aventure lunchidée, certains en étonneront plus que d’autres. C’est notamment le cas du Fontenay, adresse bien connue des Lausannois amateurs de cuisine traditionnelle. Situé à l’angle de l’avenue du Mont d’Or et de la rue Fontenay, l’établissement fait figure de dernier des Mohicans, tant les bistrots populaires ont déserté ce quartier du sud de la ville. Ici, pas de chichis, il règne une ambiance décontractée et familiale entretenue par les deux propriétaires du restaurant, Orlando et Nixon Allauca.
Comment un bistrot à la cuisine traditionnelle a-t-il entendu parler de lunchidée ? «Nous n’avons pas cherché un projet tel que lunchidée, c’est le projet qui nous a trouvés», s’amuse à dire Orlando Allauca. C’est lors de la remise de diplôme de la fille d’Orlando que les deux restaurateurs ont pris connaissance du projet : «Monsieur Oscar Tosato (ndlr : conseiller municipal de la Ville de Lausanne en charge des Sports et de la Cohésion sociale), qui était présent à la remise des diplômes à titre officiel, est venu nous demander si on était partants pour adhérer à l’initiative. Avec mon frère, on a réfléchi quelques minutes avant de dire : pourquoi pas !»
Bien que le restaurant de Fontenay propose des menus issus de la cuisine traditionnelle française et italienne, les jeudis sont désormais consacrés aux plats sains et durables. «Les clients qui ne sont pas encore habitués me demandent de quoi il s’agit. Ils sont très curieux et intéressés à découvrir ce concept. Le revers de la médaille, c’est que je dois passer beaucoup de temps à leur expliquer. Et du temps, dans la restauration, il n’y en a pas !»
La cuisine créée dans le cadre de lunchidée, explique Orlando, a fait naître de nouvelles passions : «On a fait découvrir des saveurs inconnues. Certains clients m’ont dit qu’ils n’avaient jamais goûté la patate douce ou le quinoa, par exemple. Pour eux, les plats qu’on leur a proposés ont été une véritable découverte.» Seulement voilà, dans un bistrot populaire, les clients attendent souvent une cuisine riche. «On a des habitués, il s’agit d’ouvriers, qui mangent volontiers des légumes, mais ils me disent ensuite que ce n’est pas assez énergétique pour leur travail.»
De l’Équateur à la rue du Mont d’Or
Arrivés en Suisse dans les années 1990, les deux frères originaires d’Équateur ont posé leurs valises sans même connaître la langue de Molière. «Je ne savais pas un mot de français au début, confie Orlando. Il a fallu que j’apprenne tout de zéro. Et maintenant... je me débrouille (rire). Mais heureusement, mon travail était de garder les vaches sur l’alpage. Et il n’y avait pas besoin du français pour leur parler.»
De fil en aiguille, Orlando va passer de l’alpage à la restauration. Et en s’exerçant à tous les métiers que compte la profession : de la plonge au service, en passant par l’aide en cuisine. Jusqu’à atterrir au restaurant de Fontenay, où la patronne, prenant sa retraite en 2013, propose aux deux frères de reprendre l’affaire. «Son fils ne voulait pas reprendre le restaurant. Il a une autre profession. Et puis, vous savez, on fait vraiment beaucoup d’heures dans la restauration. Il faut aimer.»
Restaurant de Fontenay: www.fontenay.ch